OSAC : Notre retour d’expérience

10 septembre 2020
OSAC : Notre retour d'expérience

Grâce à l’intelligence artificielle, OSAC optimise la surveillance des aéronefs de l’aviation civile.

Conçu avec les équipes de SixFoisSept, un outil d’aide à la décision permet aujourd’hui d’avoir une approche basée sur le risque pour mener à bien les inspections dans l’Aviation Civile.

La France concentre l’une des plus fortes activités aériennes au monde par rapport à sa superficie. Du monomoteur biplace au très gros porteur A380 en passant par l’hélicoptère, entre 10 000 et 15 000 aéronefs survolent quotidiennement l’Hexagone selon le magazine Aviation Civile. Notre pays compterait 172 000 titulaires d’une licence de pilotage et plus de 500 pistes d’aéroports selon le ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères qui rappelle que la France est une « terre » d’aviation par son histoire, sa culture et son industrie.

Dans le domaine aéronautique plus que dans tout autre, la sécurité est une préoccupation de tous les instants. C’est OSAC, Organisme pour la sécurité de l’aviation civile, qui est habilité, par arrêté ministériel, à assurer l’inspection des aéronefs sur le territoire national et à délivrer des documents relatifs à leur navigabilité.

Les équipes de SixFoisSept ont accompagné OSAC pour optimiser son programme de surveillance avec une approche basée sur le risque. « Il a tout d’abord fallu travailler sur la définition du risque », se rappelle Sophie Guérin, directrice de projets chez SixFoisSept.

Une définition du risque reconnue

Deux facteurs ont été retenus : la sévérité des conséquences d’un incident – les dommages d’un crash d’un avion de ligne sont, de facto, plus élevés que celui d’un avion à banderole publicitaire – et la probabilité qu’un incident se produise dans un futur proche au regard notamment des problématiques rencontrées dans le passé. « Tous les incidents sont répertoriés, par exemple un choc contre la porte d’un hangar lors du roulage après atterrissage ou une sortie de piste.», illustre Sophie Guérin.

D’autres données sont prises en compte comme la performance de l’organisme qui gère l’aéronef. Des axes complémentaires pourraient être retenus, comme les finances de l’organisme, ou les conditions d’utilisation. « Un aéronef qui prend le sel, le vent en survolant fréquemment des surfaces maritimes, connaît une érosion accélérée », poursuit-elle. En production, la plateforme s’appuie sur toutes ces données collectées par les inspecteurs de OSAC. Elle a été conçue de telle manière qu’elle puisse s’enrichir facilement de nouvelles sources (dont l’open data).

Pas d'effet boite noire

La solution proposée se présente sous la forme d’un outil de datavisualisation. Chaque année, le responsable du programme de surveillance peut le personnaliser en paramétrant les règles de gestion spécifiques au risque aérien. Ensuite, lors des audits, il suffit à l’inspecteur d’entrer l’immatriculation de l’aéronef pour avoir son score de risque, tous les éléments qui le constituent, ainsi que sa carte d’identité (date de conception, nombre de passagers…). Afin de rendre l’outil simple et intuitif, un UX designer a été intégré au projet pour désigner les tableaux de bords les plus efficients.

Pas d’effet « boîte noire » pour le score de risque, le modèle algorithmique appliqué est transparent et les facteurs de calcul du risque connus et explicables. SixFoisSept porte cette dimension éthique de la data science depuis sa création, comme le rappelle Erwan Prud’homme, son PDG et cofondateur dans une tribune.

Pour Sophie Guérin, l’autre facteur-clé de succès a été l’adhésion des métiers. « Ils ont été impliqués dans la conception de l’outil puis pour pondérer les critères de risque. Nous avons besoin de leurs savoirs pour construire un outil pertinent. » Elle explique que l’adhésion d’un outil d’aide à la décision est fortement lié à la pédagogie : expliquer aux inspecteurs que l’outil mis en place ne remet pas en cause leur expertise mais vient en appui. « Leur expérience du terrain ne peut pas être remplacée. »

Elle salue aussi la réussite du binôme statisticien et expert métier. La directrice de projets estime que le rôle du consultant DataScientist consiste à s’immerger dans un domaine et à en intégrer rapidement les codes. Il n’est pas nécessaire de devenir un expert de l’aviation civile, mais une communication fluide avec les métiers est essentielle.

Une approche généralisable à d’autres domaines

Après avoir démontré sa pertinence auprès d’OSAC, cette approche de la surveillance basée sur le risque peut être appliquée à tout organisme de contrôle conduisant des audits centrés sur la procédure ou le produit.

En effet, définir un score de risque permet de recentrer la surveillance sur les éléments les plus à risque, mais aussi d’ajuster la modalité de surveillance : à distance via une réponse à un questionnaire par exemple, ou sur site. La fréquence des audits peut aussi être modulée.

Parmi les domaines éligibles, on peut penser à la surveillance des bâtiments, des hôpitaux, des bateaux ou des véhicules. Les autorités qui ont en charge l’inspection de ces activités réglementées procèdent soit à une surveillance aléatoire, comme ce fut le cas pour OSAC, soit à une surveillance systématique comme pour la certification des établissements de santé ou le contrôle technique automobile.

Dans ce dernier cas, il serait possible – en fonction du risque lié au véhicule – d’ajuster la modalité ou la fréquence du contrôle technique. « La durée entre deux visites pourrait être réduite ou augmentée, le contrôlé plus détaillé ou succinct », avance Sophie Guérin.